Lumière externe

( Post Tenebras Lux )

teCHnIque / « MIse en plaCe »:

Il faut prévoir au moins trois heures de préparation, notamment pour la cuisson de 15 litres de glaçage modifié (sans sucre ni graisse). Cette cuisson est essentielle : elle permet d’obtenir une texture idéale pour l’application sur la peau, garantissant à la fois une bonne adhérence et une brillance homogène.

Pendant toute la durée du shooting, le glaçage doit être maintenu à une température légèrement supérieure à celle du corps, autour de 40-41°C. Cette stabilité thermique est indispensable pour assurer un rendu optimal sur la peau et éviter qu’il ne fige prématurément.

L’éclairage repose sur un dispositif complexe combinant six à sept sources de lumière blanche fluorescente, réparties en deux températures de couleur distinctes. Pour ce faire, j’ai dû récupérer des supports de tubes fluorescents dans des marchés aux puces et sur des chantiers. Ces éléments, de plus en plus rares avec la généralisation des LED, sont fixés sur une structure en arche afin d’éliminer les ombres portées et d’obtenir un éclairage uniforme et immersif.
L’ensemble du studio est plastifié, et le travail s’effectue sur une piscine gonflable, servant à la fois de support et de protection. Pour assurer le confort du modèle et maintenir la fluidité du glaçage, la pièce doit être chauffée à une température minimale de 25°C. Entre chaque prise, une nouvelle application de glaçage à température est nécessaire afin de préserver la cohérence visuelle et texturale de la série. La rapidité d’exécution est primordiale pour capter l’instant où la matière interagit parfaitement avec la lumière.

En post-production, mon approche reste minimale : je nettoie le fond et ajuste les niveaux de lumière et de contraste, mais je n’effectue aucune manipulation numérique majeure ni transformation de l’image. Je tiens à conserver un aspect résolument « plastique » et organique, fidèle à l’esthétique recherchée dans cette série.

NOTE D’INTENTION

Ce travail interroge la représentation du corps masculin dans l’art et le place au centre d’une réflexion sur la nudité et la lumière. Pendant des siècles, le corps féminin a été omniprésent dans l’histoire de l’art, souvent réduit à un objet de contemplation, de désir ou de possession. Le corps masculin, quant à lui, a rarement été soumis au même regard, restant soit idéalisé, soit occulté dans sa vulnérabilité et sa sensualité.

À travers mon travail, je cherche à rééquilibrer cette représentation en offrant au corps masculin la même attention, la même mise en lumière. Ce n’est pas une opposition, mais une volonté de rétablir une forme d’égalité, d’élargir le regard artistique et culturel. Il s’agit d’un positionnement clair : effacer les disparités historiques, déconstruire la vision machiste qui pèse encore sur le corps féminin, et contribuer à une remise en question des codes d’une masculinité souvent rigide et toxique.

Le temps avance, les mentalités doivent suivre. L’art est un espace privilégié pour initier ces transformations, et c’est dans cette optique que s’inscrit mon travail.

ENGLISH VERSION

Preparation and Shooting Process

At least three hours of preparation are required, particularly for cooking 15 liters of modified glaze (without sugar or fat). This cooking process is essential: it ensures an ideal texture for application on the skin, guaranteeing both good adhesion and a homogeneous shine.

Throughout the entire shoot, the glaze must be maintained at a temperature slightly higher than body temperature, around 40-41°C. This thermal stability is crucial to achieving an optimal result on the skin and preventing it from solidifying too quickly.

The lighting setup relies on a complex arrangement combining six to seven fluorescent white light sources, distributed across two distinct color temperatures. To achieve this, I sourced fluorescent tube fixtures from flea markets and construction sites. These elements, increasingly rare due to the widespread adoption of LEDs, are mounted on an arch-like structure to eliminate cast shadows and create a uniform, immersive lighting effect.

The entire studio is covered in plastic sheeting, and the work takes place in an inflatable pool, which serves both as a support and a protective surface. To ensure the model’s comfort and maintain the glaze’s fluidity, the room must be heated to a minimum temperature of 25°C. Between each shot, a fresh application of temperature-controlled glaze is necessary to maintain the visual and textural consistency of the series. The speed of execution is critical to capturing the exact moment when the material interacts perfectly with the light.

In post-production, my approach remains minimal: I clean up the background and adjust light levels and contrast, but I do not perform any major digital alterations or image transformations. I aim to preserve a distinctly "plastic" and organic look, staying true to the aesthetic sought in this series.

STATEMENT OF INTENT

This work explores the representation of the male body in art, placing it at the center of a reflection on nudity and light. For centuries, the female body has been omnipresent in art history, often reduced to an object of contemplation, desire, or possession. The male body, on the other hand, has rarely been subjected to the same gaze, remaining either idealized or hidden in its vulnerability and sensuality.

Through my work, I seek to rebalance this representation by offering the male body the same attention and emphasis. This is not about opposition but about restoring a form of equality, broadening the artistic and cultural perspective. It is a deliberate stance: to erase historical disparities, deconstruct the sexist perception that still burdens the female body, and contribute to questioning the rigid and often toxic codes of masculinity.

Time moves forward, and mentalities must evolve. Art is a privileged space for initiating these transformations, and my work aligns with this vision.