Une virginité sous clef.
Ainsi soit dit : Diana est toujours vierge !
Quel est donc ce rêve de Diana, déesse de la chasse ?

Dans l’exposition de Ferran Sanchez, cette question est bien posée, devant nous, érigée et fu- mante, masquée et marquante.
Y a-t-il une clef qui ouvre ce secret ?
Tout un tas de questions, ainsi qu’un tas de clefs, suspendues à quelque chose de bien plus léger que l’air ; léger comme un rêve.
Une divinité ne se pose jamais de questions, car elle est la réponse même.
Mais Ferran Sanchez rend l’homme divinité, par amour de l’homme et des dieux.
Ce n’est pas évident de rendre à la narration sa juste valeur historique. Le vingtième siècle, avec sa dose d’horreurs, a effacé le courage de raconter. Cette exposition va exactement à l’encontre de ce postulat de Walter Benjamin, et raconte une histoire précise, celle de l’auteur et de ses envies de parler.
Souvent les images de Ferran Sanchez parlent directement à une personne précise et unique, une sorte de message privé, avec lui-même (et son corps) mis en scène. La facture plastique de l’œuvre ne nous intéresse qu’en tant que média linguistique (dans ce texte) et nous pouvons ainsi, nous aussi, en décrypter la signification profonde.
Je n’ai que rarement rencontré un artiste capable de pointer du doigt quelqu’un avec autant de force et de générosité, et cette installation nous implique tous dans sa quête.
Une quête d’amour, de reconnaissance, de respect.
L’artiste est le véhicule d’un langage analysé et compris par lui-même, c’est ainsi que ces images représentant l’artiste ne sont jamais des autoportraits, mais des portraits post-contemporains.
Une définition de « post-contemporain » pourrait se trouver directement dans le tatouage que Ferran porte sur son torse : AMOR.
Un mot, qui règle le flux sanguin du langage personnel. Dans un miroir, l’artiste peut y voir une autre signification verbale et nostalgique. En tant que public, nous ne pouvons qu’y voir ce qu’il y a : un mot, plein de sens, plein d’histoire, un mot qui raconte une histoire par la bouche de Ferran, par un subtil jeu d’inversions.

Ainsi le portrait devient vivant et l’action que l’artiste nous demande dans cette installation devient bien plus que rhétorique.
Prendre le cœur de l’artiste est un jeu, un rêve, une aventure : une chasse.
Prendre la virginité de Diana devient une mission, une mission terrestre qui ne peut se réaliser que par le courage de défier l’apesanteur, les lois de la physique et du langage même.
Ceci n’est pas une exposition. Ceci est Ceci, et par amour.
Texte: Jean-Marie Reynier. Curateur indépendant
Diane n’est pas prête à exposer son corps aux conséquences de l’amour : la copulation, la reproduction, la douleur de l’accouchement. Elle parle clairement d’un sujet tabou dans notre société qui n’accepte autres chose que le corps immaculé, ignorant la trace du vécu déchirant. Mais Diane en parle et refuse.
Manque de courage ? Sublimation ?
Est le mythe de Diane à l’origine d’une société aseptisée ?
Une fois de plus, Ferran Sanchez nous ramène à nous-mêmes et nous offre une réflexion sur la réalité qui nous entoure. Dans l’ironie, ces images nous interpellent.
Un homme, qui ne risque pas de connaître la douleur d’un accouchement, lève la voix de Diane dans le XXI siècle pour nous rappeler que le corps masculin, même celui du guerrier, est sensible aux affaires de la vie, que l’amour est surtout une affaire du corps et que notre condition humaine est fondée sur le thème de la fécondité...
Le rêve de Diane est une série d’images qui expose le corps, sa force libidinale avec une cer- taine mélancolie, celle du renoncement à la fécondité, de la frustration, de l’impossibilité, de l’homme fragile loin de la « tout puissance ».
Le nu du corps masculin, l’érection du membre et la solitude de personnages c’est la négation de la fécondité. Les conflits de genre et des options sexuels sont présentes aussi dans ses deux images.
Ferran Sanchez présente sa version contemporaine et almodovaresque de Diane à la galerie 10/12 une performance ludique qui permettra aux invités se sentir élu par le destin d’être aimé sans condition et gratuitement, tout en mettant en cause la définition de
l’amour.
Texte: Margarita Gingins Curatrice indépendante.

Ferran Sanchez Castillo nous invite à jouer dans une pièce remplie de clés suspendues à des ballons.
Avec le jeu commence le rêve, la quête d’un être possible ou impossible.
Personnage complexe de la mythologie grecque, Diane chasseresse s’était bien gardée de faire une chasse, celle de l’amour. Elle ne voulait pas vivre les affres et les douleurs de la passion. Chaste et pure, beauté interdite, Diane était aussi capable de cruauté et d’intransigeance pour qui succombait à son pouvoir de séduction.
Dans les images qui accompagnent son installation, Ferran Sanchez Castillo est à la fois Diane et celui qu’elle aurait pu aimer. Avec son corps d’homme, l’artiste questionne Diane et l’amour, l’instinct de reproduction et son renoncement.
Texte: Drita Kotaji

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