« Empelucher » les humains ou humaniser une peluche ???
Avez-vous une peluche ?
Un nounours, une peluche, un bout de tissu, un animal, bref un « doudou », un « objet transitionnel » qui, selon un concept développé par Donald W.Winnicott (1) est un « Terme pour dési- gner un objet particulièrement investi par l’enfant pour supporter l’absence de la mère. L’enfant va lui accorder des propriétés particulières lui rappelant sa mère... »
Un nounours, une peluche, un bout de tissu, un animal, bref un « doudou », un « objet transitionnel » qui, selon un concept développé par Donald W.Winnicott (1) est un « Terme pour dési- gner un objet particulièrement investi par l’enfant pour supporter l’absence de la mère. L’enfant va lui accorder des propriétés particulières lui rappelant sa mère... »
Cet objet transitionnel nous a aidés à trouver le sommeil. C’est à ses côtés que nous nous sommes réveillés, nous nous y sommes attachés. Il nous a rassurés également par rapport à l’absence de la mère.
Ferran nous reconnecte avec notre « enfant intérieur ». Il vogue entre le rêve, le souvenir et la réalité.
Transposé à l’âge adulte, le nounours semble ne plus avoir la même signification.... Quoique...... ? Ne s’attache-t-on pas alors à des personnes, à des sujets ?
Transposé à l’âge adulte, le nounours semble ne plus avoir la même signification.... Quoique...... ? Ne s’attache-t-on pas alors à des personnes, à des sujets ?
Ne se sent-on pas rassuré, ne s’endort-on pas plus facilement à côté de l’autre ? Sensation que, grâce à cet autre, on a survécu à une autre nuit ?
De par cette peluche, devenue un humain, qu’on amène au lit et dont on voudrait ne jamais se séparer, Ferran semble « désacraliser » la sexualité...
De par cette peluche, devenue un humain, qu’on amène au lit et dont on voudrait ne jamais se séparer, Ferran semble « désacraliser » la sexualité...
L’artiste, au travers de la photo, utilise le corps comme média et replace l’archétype de l’objet transitionnel.
Il n’empêche qu’on aimerait souligner que Ferran fait appel à l’une des pulsions la plus primaire de l’humanité, à savoir la sexualité.
Il n’empêche qu’on aimerait souligner que Ferran fait appel à l’une des pulsions la plus primaire de l’humanité, à savoir la sexualité.
(1) : (1896-1971) Pédiatre et psychanalyste anglais
Selon Ferran, les personnages de ses photos, sont rassurants, il est à l’aise avec eux. Ils sont photographiés de face, les visages sont cachés, substitués par des jouets, des peluches, cela vous pose-t’il question ?
Serions-nous parfois le jouet de quelqu’un ? Mais, rassurez-vous, c’est Ferran qui vous posera des questions, qui observera vos réactions...
Serions-nous parfois le jouet de quelqu’un ? Mais, rassurez-vous, c’est Ferran qui vous posera des questions, qui observera vos réactions...
Il dépasse le jugement de par ses choix de lieux d’exposition, endroits sombres, primaires. Interpellant aussi l’accès qui y est interdit aux femmes....
La rencontre avec Ferran ne peut vous laisser indifférent.
Sa recherche ne peut que vous interpeller....et vous amener, peut-être, vers vos propres rêves et souvenirs d’enfance..., vers votre fonctionnement actuel, accompagné d’une certaine nostal- gie....
Sa recherche ne peut que vous interpeller....et vous amener, peut-être, vers vos propres rêves et souvenirs d’enfance..., vers votre fonctionnement actuel, accompagné d’une certaine nostal- gie....
Doté d’une sensibilité à fleur de peau, d’une clairvoyance peu commune, doublée d’humilité, Ferran pourrait bien vous donner envie de vous blottir, ce soir, contre un .....Nounours.`
Texte: Chantal Delcorps. Psychothérapeute
Ferran Sanchez Castillo perçoit les corps comme on parcourt un chemin inconnu qui ne peut que ramener à soi. Il les utilise comme miroir de son étreinte pour le genre humain et ce, à travers le nu masculin. Une projection de peluches humaines en forme d’interrogation sur l’être qu’il fût et sur celui qu’il est. Chaque corps raconte de son propre être dans un espace tendu par la seule limite du cadre. En seulement deux ou trois poses subtilement suggérées à ces corps, il poussent ces derniers à la conquête de leur être plein et entier dans ce qu’il a de plus lumineux.
Son travail photographique respire comme il existe avec autrui, par un questionnement au-delà de tout jugement de valeur. Par sa constante bienveillance à l’égard des hommes qui posent pour lui, il réussit à fixer sur le papier cet être-là masculin, à chaque fois beau dans le singulier dans son identité. Bien sûr, son sens de l’esthétisme met en scène une certaine représentation du Beau. Mais il ne s’agit pas d’une Beauté falsifiée par le paraître mais uniquement créée par la vérité de l’être en devenir qui se fige face à son objectif le temps que dure le déclencheur de la lumière.
Le symbolisme permet de questionner, de poser la question du pourquoi être humain.
Comme à trois ans où la peluche, objet transitionnel d’un amour inconditionnel, rassure pendant l’absence de la mère. Cet âge primaire de l’existence humaine où les premières interrogations surgissent de l’Inconscient pour se verbaliser. C’est l’authenticité de cette mise en route du ques- tionnement dans la conscience humaine que Ferran Sanchez Castillo recherche dans son univers peuplé de centaures d’un genre nouveau, des peluches à corps d’homme.
Cet objet symbolique aide à trouver le sommeil des premières solitudes conscientes de l’enfant. Il devient le moyen de transfert de l’amour absolu pour cette maman, cette mère, cette génitrice qui donna plus que la vie ; la mort par l’enfantement.
Dans cette première absence, le petit être en peluche tient compagnie dans l’apprentissage du rapport à autrui, et donc de l’amour.
Bientôt nous devenons adulte pour oublier nos peluches d’enfant comme les aimés disparus trop vite. Ne réapparaissent-ils pas de notre Inconscient beaucoup plus tard sous des formes plus humaines ? Ne nous attachons-nous pas parfois à des personnes pour le simple fait de se sentir rassuré d’être vivant ? N’essayons-nous pas de temps en temps de les posséder pour se réveiller avec la sensation d’avoir réussi à survivre à une nuit supplémentaire ?
Ferran Sanchez Castillo se questionne avec le même émerveillement authentique que tout être humain possède à l’âge de trois ans. Il entre ainsi dans un questionnement perpétuel qui est à chaque fois un retour à soi, à sa condition d’être-là-pour-autrui. A travers ces personnages hy- brides symbolisés dans son monde fantasmagorique, Ferran Sanchez Castillo vous invite à entrer dans le microcosme bigarré de son questionnement d’enfant, de son questionnement sur l’iden- tité du genre et de son questionnement sur la nature des relations humaines.
Aviez-vous une peluche ?
Texte: Chalvi Deveyan
ENGLISH VERSION
"Toyplushing" Humans or Humanizing a Plush Toy?
Do you own a plush toy?
A teddy bear, a stuffed animal, a piece of fabric, a transitional object—an item that, according to a concept developed by Donald W. Winnicott (1), is "a term used to describe an object particularly invested in by the child to cope with the absence of the mother. The child attributes special properties to it that remind them of their mother..."
A teddy bear, a stuffed animal, a piece of fabric, a transitional object—an item that, according to a concept developed by Donald W. Winnicott (1), is "a term used to describe an object particularly invested in by the child to cope with the absence of the mother. The child attributes special properties to it that remind them of their mother..."
This transitional object helped us fall asleep. We woke up beside it, grew attached to it. It reassured us in the absence of our mother.
Ferran reconnects us with our "inner child." He navigates between dreams, memories, and reality.
When transposed to adulthood, the teddy bear seems to lose its meaning... Or does it?
Don’t we still form attachments to people, to subjects?
Don’t we feel reassured, don’t we sleep better beside someone else? That feeling that, thanks to the presence of another, we have survived yet another night?
Don’t we still form attachments to people, to subjects?
Don’t we feel reassured, don’t we sleep better beside someone else? That feeling that, thanks to the presence of another, we have survived yet another night?
Through this plush toy, which has become human—one we take to bed and never wish to part with—Ferran seems to "de-sacralize" sexuality...
Through photography, the artist uses the body as a medium, reinstating the archetype of the transitional object.
And yet, one cannot ignore that Ferran calls upon one of humanity’s most primal drives: sexuality.
(1) Donald W. Winnicott (1896-1971), English pediatrician and psychoanalyst.
According to Ferran, the subjects in his photos are reassuring; he feels comfortable with them. They are photographed facing the camera, their faces concealed, replaced by toys, by plush figures. Does this raise questions for you?
Are we sometimes the plaything of another? But rest assured—it is Ferran who will be asking the questions, observing your reactions...
He transcends judgment through his choice of exhibition spaces—dark, primal settings. Spaces that also challenge access, as they are sometimes forbidden to women...
Encountering Ferran cannot leave one indifferent.
His artistic exploration is bound to provoke reflection… perhaps even lead you back to your own dreams and childhood memories, to your current way of being—tinged with a certain nostalgia.
His artistic exploration is bound to provoke reflection… perhaps even lead you back to your own dreams and childhood memories, to your current way of being—tinged with a certain nostalgia.
With a raw sensitivity, an uncommon clarity of vision, and a deep humility, Ferran might just make you want to curl up tonight… against a teddy bear.
Text: Chantal Delcorps, Psychotherapist
Ferran Sanchez Castillo perceives bodies the way one traverses an unfamiliar path—one that inevitably leads back to the self. He uses them as mirrors of his embrace of humanity, expressed through the male nude. A projection of human plush figures, shaped as a question about the being he once was and the one he has become. Each body tells the story of its own existence, within a space limited only by the camera’s frame.
With just two or three subtly suggested poses, he urges these bodies toward the full and complete conquest of their being, in its most luminous form.
His photographic work breathes as he exists with others—through inquiry, free from value judgments. Through his constant benevolence toward the men who pose for him, he manages to capture on paper this singularly male presence—each time beautiful in its unique identity.
Of course, his aesthetic sense stages a certain representation of Beauty.
But it is not a Beauty falsified by appearances—rather, one created by the truth of the being-in-becoming, momentarily frozen before his lens in the brief instant of light’s exposure.
But it is not a Beauty falsified by appearances—rather, one created by the truth of the being-in-becoming, momentarily frozen before his lens in the brief instant of light’s exposure.
Symbolism allows us to question, to pose the fundamental inquiry of what it means to be human.
Like at the age of three, when the plush toy—an object of unconditional love—provides comfort in the mother’s absence. That primary stage of human existence, where the first questions emerge from the unconscious, seeking verbal expression.
It is the authenticity of this awakening into consciousness that Ferran Sanchez Castillo seeks in his world, inhabited by a new kind of centaur—plush toys with human bodies.
This symbolic object helps ease the solitude of a child’s first conscious nights. It becomes the vehicle for transferring absolute love to the mother—the woman, the progenitor—who gave more than life; who, through childbirth, also imparted death.
In this initial absence, the small plush creature offers companionship in the first steps toward understanding relationships with others—and thus, love itself.
Soon, we grow up, leaving behind childhood plush toys, just as we lose loved ones too soon. But do they not resurface from our unconscious much later, in more human forms?
Do we not sometimes cling to others simply for the reassurance of being alive?
Do we not, from time to time, try to possess them, just to wake up with the sensation of having survived another night?
Do we not, from time to time, try to possess them, just to wake up with the sensation of having survived another night?
Ferran Sanchez Castillo questions with the same authentic wonder that every human being possesses at the age of three. He thus enters a perpetual cycle of inquiry—one that is always a return to the self, to the condition of being-for-others.
Through his hybrid figures, symbolized in his fantastical world, Ferran Sanchez Castillo invites you to step into the kaleidoscopic microcosm of his childlike questioning—his interrogation of gender identity and the nature of human relationships.
Did you have a plush toy?
Text: Chalvi Deveyan








